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EXPOSITION PASSÉE
 

On fait des dessins dans la terre

Commissariat d'exposition: Eva Barois De Caevel

Naomi Lulendo

Marie-Claire Messouma Manlanbien

Georgina Maxim

Charlotte Yonga

Du 6 février au 10 avril 2021 - prolongée jusqu'au 29 mai 2021

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La galerie 31 PROJECT est heureuse de présenter, en collaboration avec la commissaire d’exposition Eva Barois De Caevel, l’exposition collective On fait des dessins dans la terre, regroupant les travaux des artistes: Naomi Lulendo, Marie-Claire Messouma Manlanbien, Georgina Maxim et Charlotte Yonga. 

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On fait des dessins dans la terre

Par Eva Barois De Caevel, décembre 2020

On fait des dessins dans la terre est une exposition collective qui réunit les artistes Naomi Lulendo, Marie-Claire Messouma Manlanbien, Georgina Maxim et Charlotte Yonga. Il ne s’agit pas d’une exposition soumise à une thématique chargée de réunir plus ou moins artificiellement ces artistes mais de donner toute sa mesure à une réunion par affinité et affective. Il s’agit aussi de faire se rencontrer une génération d’artistes dont j’observe avec attention le travail depuis plusieurs années et avec lesquelles j’ai pour la plupart travaillé à plusieurs reprises (et ce travail signifie aussi bien « écrire sur », que montrer les oeuvres dans des lieux d’exposition, que susciter des opportunités de résidences et de formation, qu’acheter une oeuvre ; c’est un parcours, une relation, une amitié).

Définir ce qui fait qu’on ressent des affinités entre des oeuvres et des artistes n’est pas toujours simple à théoriser, ou à poétiser. Les affinités ici sont à la fois thématiques et formelles.

Elles existent aussi au niveau du cheminement de ces artistes, de leurs narrations personnelles, de leurs communautés. Il va sans dire aussi que la curatrice, qui écrit ce texte, s’inclut dans ce cercle affinitaire et affectif. Cette exposition est ainsi une exposition de femmes qui ont des choses à partager, entre elles, et avant même l’existence d’un public, et c’est finalement à ce dialogue qu’il peut être intéressant de convier un public.

 

Le titre de l’exposition est un emprunt à L’Opoponax de Monique Wittig. C’est une lecture qui m’a été conseillée par des étudiantes en École des Beaux-Arts auxquelles j’ai la chance d’enseigner. J’avais lu d’autres textes de Wittig, pas celui-là, et je l’ai lu cet été. Marguerite Duras décrivait L’Opoponax comme « le premier livre moderne qui ait été fait sur l’enfance, […] l’exécution capitale de quatre-vingt-dix pour cent des livres qui ont été faits sur l’enfance, […] un livre à la fois admirable et très important parce qu’il est régi par une règle de fer, jamais enfreinte ou presque jamais, celle de n’utiliser qu’un matériau descriptif pur, et qu’un outil, le langage objectif pur ».

 

On fait des dessins dans la terre avec un bout de bois. Ce sont des cercles mal arrondis des triangles des carrés des rectangles, on n’a pas envie d’écrire son nom par terre ni celui de quelqu’un d’autre. On ne sait pas faire des bonshommes ou des têtes ou des maisons, on continue des cercles encore des triangles encore des carrés encore des rectangles encore, ils se rentrent les uns dans les autres, la poussière monte, on a les mains sales, on se met à cracher par terre pour empêcher la poussière de monter ou de se déposer sur les mains, il faut beaucoup de salive pour faire de la boue, c’est-à-dire qu’on n’en a pas assez, l’endroit où on crache est à peine visible à peine plus foncé qu’ailleurs, avec des contours en filigrane et un peu de bave sur les bords.

 

Cet Opoponax, c’est donc ce qui me permet de suggérer à la fois ces affinités entre des femmes (ces étudiantes artistes, les artistes que j’évoque dans mes cours, la travailleuse que je suis) et les affinités formelles et thématiques contenues dans les pièces : des gestes sobres, modestes, des techniques simples, la recherche et la mise en valeur du plaisir pris à isoler ces gestes simples, à s’y rechercher, à s’y trouver et à s’y perdre, mais aussi à considérer les formes qu’ils produisent avec ravissement. Il s’agit également, toujours au niveau de ces échos formels, d’une continuité entre des objets produits et leur naissance ou leur devenir, parfois, dans la performance, de narrations qui se nouent autour de l’organique, de l’enfance (et même de la toute petite enfance), de la maternité, de la matrescence et des corps maternels et infantiles, et qui se déploient dans la multiplicité des médiums (peinture, sculpture, collage, photographie, traces de performances ou artefacts issues d’elles, dessins, textile).

 

On fait des dessins dans la terre prête attention et donne envie de prêter attention, je

l’espère, à des liens entre des femmes.

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Biographies des artistes

 

Naomi Lulendo

Vit et travaille à Dakar, Sénégal.

 

Née à Paris, Naomi Lulendo vit et travaille à Dakar. Dans sa pratique multidisciplinaire entre peinture, sculpture, performance, photographie et installation, Naomi Lulendo crée des propositions plastiques qui troublent et réinventent nos rapports aux espaces. Explorant le processus de construction identitaire, opérant une analogie entre corps, langage et architecture, son travail puise aussi bien dans sa biographie personnelle, que dans une attention portée à la polysémie de son environnement et aux potentialités symboliques des corps, des objets, des motifs et des formes qui l’entourent. 

 

Elle utilise surfaces et motifs pour créer des jeux plastiques aux références multiples et proposer une exploration des liens mouvants reliant ces corps, ces formes et ces objets dans l’espace où ils se déploient. Naomi Lulendo donne à voir la richesse sémiologique des dispositifs éphémères créés par un instant et un espace donnés. 

 

Naomi Lulendo est diplômée de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. En 2018, elle a participé au sémi-naire de recherche RAW Académie, sous la direction de l’artiste Otobong Nkanga, à Dakar. Son travail a été montré notamment à la Galerie Allen, Paris (2019) ; à la 13ème édition de la Biennale d’art contemporain de Dakar en 2018 et à la Galleria Continua en 2016.

Marie-Claire Messouma Manlanbien

Vit et travaille à Paris, France et à Abidjan, Côte d’Ivoire.

 

Artiste plasticienne, Marie-Claire Messouma Manlanbien travaille la sculpture, la broderie, la performance, l’installation et la vidéo. 

Elle croise les formes et les mediums, les juxtapose et crée des assemblages, sorte de cartographies plastiques jouant sur la multiplicité des références culturelles et la profusion des sens. Se rencontrent dans une cohabitation inattendue des matériaux industriels comme l’aluminium, le cuivre et le laiton avec des éléments naturels comme la fibre de raphia, la corde, le bois et des coquillages. 

Marie-Claire Messouma Manlanbien délimite ainsi des espaces propres aux rituels lui permettant de déployer sa pratique performative où elle s’attache à raconter des histoires et récits poétiques tout en rejouant une « tradition » réelle et fantasmée. Un syncrétisme plastique qui interroge son identité multiple entre culture ivoirienne et créole. 

 

Formée à l’École des Beaux-arts de Paris – Cergy elle a été sélectionnée pour le 61e Salon de Montrouge en 2016. L’artiste a bénéficié de plusieurs expositions personnelles comme à la Primo Marella Gallery à Milan en 2019, au CAC La Traverse en 2020. Elle a également participé en 2019 à l’exposition Herstory, au MAC VAL, à la 38e Biennale EVA Internationale en 2018, au MOCA de Brescia en Italie et au FRAC Ile de France en 2020. Marie-Claire Messouma Manlanbien exposera en 2021 à l’Orangerie du Jardin du Luxembourg à Paris. 

Georgina Maxim

Vit et travaille à Harare, Zimbabwe.

Artiste textile, Georgina Maxim partage son travail entre sa pratique artistique et sa pratique curatoriale. Elle a cofondé en 2012, Village Unhu, un collectif et un espace artistique à Harare mêlant ateliers, expositions, workshops et programme de résidences. 

Après des études à l’université de Chinhoyi, elle a enseigné les arts plastiques plusieurs années à l’école Prince Edward tout en dirigeant la Galerie Delta, galerie historique pour l’art contemporain à Harare. 

Georgina Maxim a dans le même temps développé son travail artistique en se tournant vers le textile et en utilisant les techniques de la broderie, de la couture et du tissage pour déstructurer, découper et recomposer des vêtements de seconde main. Elle crée ainsi des oeuvres singulières qui échappent aux définitions: l’artiste décrit elle-même son travail comme un acte de mémoire, une transcription de l’instant, des moments vécus et des histoires qu’évoquent ces textiles usagés. 

En 2018, Georgina Maxim a été nominée pour le Henrike Grohs Award (Goethe Institute, Abidjan). Son travail a été exposé au Zimbabwe (Gallery Delta, National Gallery of Zimbabwe) et à l’international (Mojo Gallery à Dubai, Sulger Buell Gallery à Londres, Goethe Institute à Salvador de Bahia).

En 2019, Georgina Maxim passe un master à l’université de Bayreuth afin d’approfondir sa pratique curatoriale et effectue une résidence de création de plusieurs mois au Goethe Institute de Salvador de Bahia. La même année, elle présente également une installation pour le pavillon Zimbabwéen de la 58ème biennale de Venise. Elle expose cette année au Musée Bargoin (Clermont-Ferrand) et présentera son travail au FRAC Nouvelle-Aquitaine en 2021. Une exposition individuelle lui sera également consacrée par la galerie 31 project dans le cadre de Art Paris art fair.

Charlotte Yonga

Vit et travaille à Barcelone, Espagne et Paris, France.

 

L’artiste franco-camerounaise Charlotte Yonga pose un regard attentif sur les individus et les territoires. Son approche, imprégnée de dramaturgie, hérite d’une certaine tradition documentaire et est traversée par des questions liées à la notion d’individualité soumise à la délocalisation et aux regards croisés Nord-Sud. Les sujets qu’elle représente, la plupart du temps des personnes « ordinaires » saisies dans des contextes caractéristiques, sont au centre de l’attention et font face au spectateur. Dans une alchimie qui convoque avec réalisme, force et fragilité, Charlotte donne à voir des personnalités tangibles saisies dans leurs complexités. 

Charlotte est diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Art de Paris-Cergy (ENSAPC). Durant son cursus, elle développe un attrait particulier pour le portrait et privilégie progressivement le médium photographique. Puis dans un souci de déplacer le regard qu’elle porte à ses sujets, elle explore les qualités expressives propres à d’autres médias, comme celles de la vidéo et du son. Charlotte dessine également depuis de longues années, un travail intime qu’elle a encore très peu montré. Ses dessins, réalisés au feutre et au crayon de couleur, colorés, sont autant de «saynètes thérapeutiques» et de formes issues de l’inconscient. Charlotte documente également ce processus de création par la photographie, créant un lien formel et narratif entre ses deux médiums de prédilection.

Son travail a été présenté au Festival Circulations, à Paris Photo au Grand Palais, au Muséum du Havre, à M.Bassy Hambourg en Allemagne, au Project Space de la Biennale de Casablanca au Maroc et au LagosPhoto Festival au Nigeria.

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